Gabriel, renie ton nom, etc.

Une étude scientifique menée par l'ILHEM.Une toute jeune étude sur les noms des personnages de BL dans la fiction originale francophone nous révèle des chiffres alarmants. A en croire le sondage de l’Institut des Lectures Homo-érotiques pour l’Étude du Mâle de fortes disparités géographiques ont été relevées.

En effet, une écrasante majorité de prénoms d’origines anglo-saxonne s’invite, souvent sans justification d’appartenance ethnique, dans nos fictions. Devons-nous y voir l’influence inexorablement croissante de la culture monde, consanguine de l’American way of life ou simplement une sécheresse de l’imagination ? L’avenir seul nous le dira. Je vois déjà s’élever la clameur indignée de nos auteurs chéris. Le choix de prénoms qui sonnent bien est un parti-pris esthétique, me répliquent-ils. Josh ou Lance, gémi pendant le climax a autrement plus d’effet que René ou Charles-Édouard, j’en conviens.

Notons tout de même à la décharge de ces plumes pleines de bonne volonté que les prénoms du terroir ont la part belle, en témoignent nos Thomas, Bastien et Mathieu (ainsi que leurs dérivés). De même, hérités de la tradition de la light novel et du manga yaoi l’on ne saurait passer sous silence l’abondance des noms japonais. Américanisation donc ? Pas si sûr. La tendance est plutôt à une angélisation. Fameux manga Yaoi de Hitoyo Shinozaki et Tôru Kôsaka.

Nous assistons à un phénomène de quasi monopole onomastique du côté des noms d’origine angélique. Fantasme de l’ange déchu ? Revisite de la souillure originelle ? Fascination pour les blonds aux yeux bleus un tantinet efféminés – représentation millénaire et parfaitement invérifiable des serviteurs du divin ? Nos chercheurs travaillent d’arrache-pied sur la question. Reste l’éloquence des chiffres qui nous apprennent que :

1) Le prénom le plus répandu dans les fictions originales est Gabriel, suivi de très près par Nathaniel (et ses dérivés),

2) Que Gabriel est à plus de quatre-vingt-dix pourcents un personnage de premier plan (c’est-à-dire appartenant au couple principal) et, toujours selon l’ILHEM, majoritairement en position de uke,

3) Gabriel est blond.

Le prénom Gabriel est au BL ce que Brandon est au soap opera. Comment nier l’attrait magnétique qu’exerce le nom de l’archange annonciateur qui se mêle aux hommes pour leur faire parvenir le message du très-haut, comme le veut la tradition monothéiste ? Seulement on se cantonne souvent à l’appréciation primaire des sonorités sirupeuses et androgynes du prénom sous la langue… Je vous pose la question, écrivants de bonne volonté, faut-il faire reposer le capital coolitude d’un personnage sur son seul nom ? Ne doit-on pas subordonner le choix du prénom au caractère du personnage pour faire de l’onomastique un révélateur ? La signification du prénom contribue à donner de l’épaisseur au personnage, à l’inscrire dans une parenté fictive avec d’autres figures littéraires ou historiques, à lui donner une identité. Ce n’est pas un ornement, un accessoire, une coquetterie.

Gabi, si tu m’entends, renie ton nom, etc.

I.H.

2 réponses

  1. J’ai adoré cet article. C’est tellement vrai !
    Par contre ce que j’ai retenu, c’est surtout :
    l’Institut des Lectures Homo-érotiques pour l’Étude du Mâle
    Wow, quoi! juste wow.

    1. Haha, je me souviens que ce jour là, j’avais eu une discussion fort relevée sur le sujet avec mon acolyte Tuturne. C’est extraordinaire le nombre de Gabriel dans les fictions BL. Je reconnais l’attrait du prénom, d’ailleurs c’est un vrai casse-tête de donner des prénoms à ses personnages, mais Gabriel… M’enfin, tu sais ce que j’en pense xD Si tu le désires, l’Institut des Lectures Homo-érotiques pour l’Étude du Mâle sera ravie de te fournir des statistiques foireuses de son crû pour une somme modique ! Non, ce n’est pas du placement de produit xD

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