C’est la règle numéro un de tous les guides d’écriture : show, don’t tell.
Tu sais quand je dis qu’il y a des règles d’écriture et que finalement il n’y en a pas et bien en fait – ô surprise – il y en une. Une seule et unique qui déterminera si ton livre finira sur une table de chevet pour servir de dessous de tasse.
Cette règle est la fameuse citation « Show don’t tell » : « montre, ne raconte pas ».
Si tu ne saisis pas exactement à quoi je fais référence, laisse-moi te montrer.
Matt était embarrassé. Il n’avait pas vu Hakim arriver derrière lui, distrait par les paroles de son entraineur qui tournaient dans sa tête. Matt était à présent piégé entre les bras puissants et le mur des casiers.
Maintenant, voyons comment améliorer ce passage en montrant ce qui se passe au lieu de dire :
Matt fixait le cadenas de son casier. Pourquoi était-il ici déjà ? Ses jambes l’y avaient amené, par réflexe et il était là, comme un con à fixer la porte de métal et infoutu de se souvenir de son code. Son corps était en pilote automatique tandis que son esprit ressassait les paroles blessantes que l’entraineur lui avait hurlé dessus dans les vestiaires. Oui, il avait laissé passer ce putain de ballon que même un gardien manchot aurait pu arrêter. Oui, c’était la honte pour le capitaine de l’équipe de faire une telle erreur. Et oui, il avait été distrait – par le cul d’Hakim – mais il se haïssait déjà assez pour ça sans qu’on en remette une couche !
– Wow ! sursauta Matt quand il entendit un clac tonitruant.
Il se retourna, cœur battant et il sentit la chaleur lui monter au visage.
– Putain Hakim, tu m’as fait peur ! grommela-t-il.
Il était incapable de soutenir son regard. En fait, ses yeux cherchaient ardemment la sortie. De part et d’autre se trouvaient les bras d’Hakim, derrière lui le froid métallique des casiers et en face. Trop près, beaucoup trop près, il y avait le visage de celui qui causerait sa perte.
Le résultat :
Tu vois la différence ? Il se passe exactement la même chose, sauf que dans le premier cas, j’ai raconté et dans le second j’ai montré.
Pas besoin de dire que Matt est embarrassé, il suffit de le montrer par le biais de ses réactions physiques et de ses actions.
Pas besoin de dire que Matt pense aux paroles de son entraineur, il suffit de retranscrire ses pensées. Ainsi, le lecteur entre véritablement dans sa tête et est aussi surpris que le personnage de l’intrusion d’Hakim.
De la même façon, il est plus intéressant de décomposer la posture d’Hakim par le regard de Matt que de dire de but en blanc qu’il l’a bloqué contre les casiers. Cela permet de faire monter la tension et de capter l’intérêt du lecteur.
Si tu veux en savoir plus sur le « Show don’t tell » et plein d’autres techniques d’écriture, je te conseille d’écouter ça :
With love ♥
I.H.