Pourquoi South Park est gay

Cinq mots : Style, Kyman, Bunny, Creek et Dip.

Ces termes bizarroïdes ne sont autres que les acronymes des pairings les plus populaires de la série animée South Park créée en 1992 par Trey Parker et Matt Stone. On notera, au passage, que les noms de famille des créateurs ont pas mal de lettres en commun avec le toponyme, renforçant la paternité – littéralement – double de la série… Coïncidence ? C’aurait pu l’être si Trey et Matt ne jouaient pas à fond le couple homo sur les mini-vidéos qui introduisent les épisodes de la première saison. Ainsi, Matt et Trey caressent leur(s) chien(s) au coin de la cheminée en se lançant, entre deux faux raccords, des œillades enamourées ou s’essayent au cosplay de cowboys et au threesome avec indien pour pimenter leur vie amoureuse…

L’humour gay est une composante importante de South Park – avec l’absurde, le gore, la satire, le scatologique, l’ironie, la parodie, la beauffitude – et il n’est pas étonnant que le gay-dar des fans ait éclaté sous la pression des rayons gamma de l’arc-en-ciel southparkien. Je ne citerai que quatre épisodes emblématiques : « Deux Hommes nus dans un jacuzzi », « Les Gluants », «South Park est gay» et le légendaire « Craig et Tweek ».

Comme le canon joue en permanence de l’ambiguïté des relations homme/homme : est-ce que Terence et Philippe sortent ensembles ? Est-ce que Satan est exclusivement un uke masochiste ? Pourquoi les parents de Butters ont parié sur l’orientation sexuelle de leur fils, n’était-ce pas évident qu’il est complètement gay, il fait des claquettes bon sang ? Cartman sortira-t-il du placard ? En parlant de placard, qu’est-ce que Tom Cruise, R. Kelly et John Travolta ont fait quand ils se sont enfermés dans le placard de Stan ? Est-ce que le présentateur du journal de South Park se tape tous les reporters de la chaîne ? Comment M. Esclave a-t-il rencontré Al Super Gay ? A quand le récit de la passion torride entre le Mysterion et le Professeur Chaos ? Telles sont les questions dont les fanfictions se contrefoutent et qui hantent mon esprit…

Sans transition, revenons à ces cinq couples phares dont le choix a été, comme toujours, parfaitement partial et arbitraire.

Un couple stylé : les BFF et d’amis d’enfance

Qu’entends-je ? Un cliché ? Où ça ? Certes le combo amis d’enfance et meilleurs amis est usé au moins autant que l’anorak de Kenny mais le Stan/Kyle a tout de même comme point fort une dynamique sympathique entre un Stan pas très futé, sportif et sensible (il fait de la guitare et sauve les dauphins, les baleines et la couche d’ozone à ses heures perdues) et un Kyle cérébral, prompt à s’emporter (99,98% des fois contre Cartman et ses propos antisémites, running gag de la série) et presque toujours droit dans son comportement. La profondeur du couple tient surtout à l’élément Wendy, premier amour de Stan, qui peut venir compliquer la configuration. Ajoutons à cela, le pôle Cartman qui a eu une histoire avec Wendy et peut potentiellement prétendre à Kyle et on obtient un superbe carré amoureux de chez Ikéa.

Sous le signe du feu : les meilleurs ennemis

« Gros tas » et « sale feuj » sont leurs petits surnoms amoureux, « va te faire foutre » leurs adorables cajoleries et « je te hais » leur façon de déclarer leur flamme. Sens-tu la douleur abrasive de cet autre cliché du Yaoi ? Oui, et t’aime ça, pas vrai ? Depuis l’aube du Yaoi, la fujo-vision a réagi violemment aux radiations de haines des ennemis. Toute cette tension, cette frustration accumulée et mal dirigée, vouée à éclater sans retenue n’est-ce pas la base même de l’amour-passion ? Pourquoi Cartman aurait donné un rein à Kyle s’il ne l’aimait pas ? Pourquoi serait-il allé le chercher à San Francisco pour le ramener à South Park alors qu’un ouragan menaçait la ville ? Pourquoi Kyle finit toujours par reparler à Cartman alors qu’il abhorre son égocentrisme, son sadisme et son caractère manipulateur ?

La forme atténuée de la relation flamboyante des ennemis est celle des opposés.

Le chérubin à la double personnalité et l’ange de la mort

Pourquoi Butters et Kenny, hein ? Je me le suis demandé longuement… Crack pairing ou couple canonique ? En vérité, tout dépend de votre degré de fanitude : un regardeur casuel de South Park ne comprendrait pas la démarche, un fan hardcore trouverait la logique élémentaire (pour plus d’info cherchez « Bunny » dans le wikia de la série). Quoiqu’il en soit et à titre complètement personnel, l’intérêt de ce pairing réside dans leurs alter ego héroïques. 

[Attention spoiler !] Kenny est le Mysterion, héros dont le super pouvoir est de ne pas pouvoir mourir tandis que Butters a développé une seconde personnalité diabolique : le Professeur Chaos, dont les supers crimes consistent en vol d’effaceur de tableau et tentative d’inondation planétaire à base de tuyau d’arrosage… Sinon, on retrouve la dynamique classique entre le jeune ingénu (Butters), naïf et malléable et le séducteur pervers (Kenny) dont il est de notoriété publique qu’il saute sur tout ce qui bouge parce qu’il est pauvre, se drogue et lit Playboy…

Les Freaks, les déclassés, les marginaux

Craig Tucker parle du nez, est un peu bébête et compulsif du doigt d’honneur. Tweek Tweak est drogué au café, paranoïaque et atteint de tremblote, d’insomnie et d’anxiété. Pas grand-chose ne les sépare mais ce qui va les rassembler c’est un combat. Un combat pour l’honneur, un combat pour la gloire, un combat au corps à corps qui les unit dans la douleur. Un épisode viril, plein de larme et de sueur. (Je chiale, putain !)

[Ajout du 17/02/2019] C’est officiel, le Creek est désormais canon, si l’on se réfère à l’épisode 6 de la saison 19. Merci au fujoshi et fudanshi qui, par leurs nombreux fanarts et fanfictions ont rendu ça possible ! Retrouvez désormais tous les fanarts yaoi dispersés dans South Park dans le jeu « L’Annale du Destin». Un grand moment !

Alors toi aussi :

Prends la route de South Park histoire de prendre un peu l’air.

Que des visages amicaux, des gens gentils bien comme-y-faut~

I.H.

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