La fujoshi et le fudanshi sont des chasseurs, que dis-je, des explorateurs en quête de nouvelles terres vierges à déflorer. Chacun connait l’époustouflante pudibonderie des héros de shônen à succès, la fujoshi et le fudanshi ne cherchent qu’à redonner un semblant d’humanité et d’authenticité à ces figures d’une droiture exaspérante à l’aide de leur arme ultime : un esprit maniac et chelou peuplé de fantasmes douteux et de sessions rendues infructueuses chez le thérapeute à cause d’une mauvaise foi nourrie par une rhétorique sans pareille. Et ne les adore-t-on pas pour cette raison ?
La fujoshi et le fudanshi ont donc couru à perdre haleine en bousculant les passants et en insultant quelques mamans comme un banlieusard en retard au boulot sur les quais du RER afin de monter dans le train My Hero Academia de Kôhei Horikoshi pour se rendre compte, un peu trop tard, qu’ils s’étaient plantés, avaient pris le mauvais trainet que l’arrêt où ils escomptaient descendre n’était pas desservi. Les voilà donc, transpirant abondamment et cherchant une excuse logique à cette auguste tromperie. Mais où est passé le potentiel yaoi ? crient-ils dans leur désespoir ! Les autorités, pas toujours compétentes, ont placardé des avis de recherche.
Comment expliquer la difficulté des fujoshi et des fudanshi à créer des couples convaincants alors que leur esprit est formaté pour shipper sans vergogne ? Pourquoi n’arrivé-je pas à visualiser les pairings potentiel de My Hero Academia alors que c’était possible même pour les Telletubies ? L’excuse de l’asexuation des personnages ne tenait pas : tous les héros de shônen, peu ou prou, sont asexué jusqu’au code génétique ! Qu’était donc le problème fondamental de My Hero Academia ? Le graphisme cartoonisé n’a jamais été un obstacle à la Fujo-vision. L’âge des protagonistes non plus, les fujoshi et les fudanshi n’ont aucune morale, c’est bien connu. La réponse me vint au détour d’une conversation avec Loli : « c’est tous des uke ! » Et elle avait raison !
Midoriya aka Deku : Un uke tellement uke qu’il sert de point de référence sur l’échelle de l’uketude. (Voire échelle de Deku)
All Might : A obtenu un master en Servitude, option: Fragilité.
Katsuki Bakugo aka Katchan : Stereotype du uke tsundere. Recherche maître bienveillant mais ferme.
Shôto Todoroki : Un uke froid à déguster chaud. Proie de prédilection des seme pervers.
Tenya Iida : Pratiquement une femme au foyer.
Tomura Shigaraki : Prétendument grand méchant qui recherche juste quelqu’un capable de lui administrer une fessée. Aime clairement se faire tripoter.
Denki Kaminari : Au mieux, uke masochiste.
Eijiro Kirishima : Seme attitré de Katchan n’en déplaise aux rageux !
Ainsi, après une dizaine de tomes, ma Fujo-vision s’étaient aguerrie ! Enfin, le Yaoi pointait le bout de la queue ! J’avais donc compris que j’étais moi-même prise au piège des stéréotypes du Yaoi et que c’était la raison pour laquelle je ne percevais pas le potentiel Yaoi des personnages de My Hero Academia. En effet, leur uketude signifie que l’ère du mâle viril, dominateur et violent est révolue et que le seme est un type qu’il nous faudra réinventer.